Qu’est-ce que la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle ?

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La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle, qui a été développée par Laura Carstensen, professeur de psychologie à Stanford, est une théorie de la motivation tout au long de la vie. Elle suggère qu’à mesure que les gens vieillissent, ils deviennent plus sélectifs dans les objectifs qu’ils poursuivent, les personnes âgées donnant la priorité aux objectifs qui mèneront à un sens et à des émotions positives et les jeunes poursuivant des objectifs qui mèneront à l’acquisition de connaissances.

Key Takeaways : Théorie de la sélectivité socio-émotionnelle

  • La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle est une théorie de la motivation sur la durée de vie qui affirme que, lorsque les horizons temporels se raccourcissent, les objectifs des personnes changent de telle sorte que celles qui ont plus de temps donnent la priorité aux objectifs orientés vers l’avenir et celles qui ont moins de temps donnent la priorité aux objectifs orientés vers le présent.
  • La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle a été initiée par la psychologue Laura Carstensen, et de nombreuses recherches ont été menées pour étayer cette théorie.
  • Les recherches sur la sélectivité socio-affective ont également mis en évidence l’effet de positivité, qui fait référence à la préférence des personnes âgées pour les informations positives par rapport aux informations négatives.

Théorie de la sélectivité socio-émotionnelle tout au long de la vie

Alors que le vieillissement est souvent associé à la perte et à l’infirmité, la théorie de la sélectivité socio-affective indique que le vieillissement présente des avantages positifs. Cette théorie est basée sur l’idée que les humains changent leurs objectifs au fur et à mesure qu’ils vieillissent en raison de la capacité humaine unique à comprendre le temps. Ainsi, lorsque les gens sont de jeunes adultes et qu’ils considèrent le temps comme une période indéterminée, ils donnent la priorité à des objectifs axés sur l’avenir, tels que l’apprentissage de nouvelles informations et l’élargissement de leurs horizons grâce à des activités comme les voyages ou l’élargissement de leur cercle social. Cependant, à mesure que les gens vieillissent et perçoivent leur temps comme plus limité, leurs objectifs se déplacent pour se concentrer davantage sur la satisfaction émotionnelle dans le présent. Cela les amène à donner la priorité aux expériences qui sont significatives, comme l’approfondissement des relations avec les amis proches et la famille et le fait de savourer ses expériences préférées.

Il est important de comprendre que, même si la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle tend à mettre l’accent sur les changements d’objectifs liés à l’âge, ces changements ne sont pas le résultat de l’âge chronologique en soi. Ils sont plutôt le résultat de la perception qu’ont les gens du temps qu’il leur reste. Parce que les gens perçoivent que leur temps diminue avec l’âge, les différences d’âge à l’âge adulte sont le moyen le plus simple de voir la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle à l’œuvre. Cependant, les objectifs des gens peuvent également changer dans d’autres situations. Par exemple, si un jeune adulte tombe malade en phase terminale, ses objectifs changeront à mesure que son temps sera écoulé. De même, si l’on sait qu’un ensemble de circonstances spécifiques arrive à son terme, ses objectifs peuvent également changer. Par exemple, si l’on prévoit de quitter l’État, à mesure que l’heure de son départ se rapproche, on sera plus enclin à consacrer du temps à cultiver les relations qui comptent le plus pour lui, tout en se préoccupant moins d’élargir son réseau de connaissances dans la ville qu’il va quitter.

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Ainsi, la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle démontre que la capacité humaine à percevoir le temps a un impact sur la motivation. Alors que la poursuite de récompenses à long terme a un sens lorsque l’on perçoit son temps comme expansif, lorsque le temps est perçu comme limité, les objectifs émotionnellement satisfaisants et significatifs prennent une nouvelle pertinence. Par conséquent, le changement d’objectifs à mesure que les horizons temporels changent, décrit par la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle, est adaptatif, permettant aux personnes de se concentrer sur des objectifs professionnels et familiaux à plus long terme lorsqu’elles sont jeunes et d’obtenir une satisfaction émotionnelle en vieillissant.

Effet de positivité

Les recherches sur la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle ont également révélé que les adultes plus âgés ont un biais vers les stimuli positifs, un phénomène appelé effet de positivité. L’effet de positivité suggère que, contrairement aux jeunes adultes, les personnes âgées ont tendance à prêter plus d’attention aux informations positives qu’aux informations négatives et à s’en souvenir.

Des études ont montré que l’effet de positivité est le résultat à la fois d’un traitement accru des informations positives et d’un traitement réduit des informations négatives au fur et à mesure que nous vieillissons. En outre, les recherches suggèrent que si les adultes plus âgés et plus jeunes accordent plus d’attention aux informations négatives, les adultes plus âgés le font nettement moins. Certains chercheurs ont proposé que l’effet de positivité est le résultat d’un déclin cognitif, car les stimuli positifs sont moins exigeants sur le plan cognitif que les stimuli négatifs. Cependant, des recherches ont démontré que les adultes plus âgés ayant un niveau de contrôle cognitif plus élevé ont tendance à manifester la plus forte préférence pour les stimuli positifs. Ainsi, l’effet de positivité semble être le résultat de l’utilisation par les personnes âgées de leurs ressources cognitives pour traiter de manière sélective les informations qui leur permettront d’atteindre leur objectif de ressentir plus d’émotions positives et moins d’émotions négatives.

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Résultats de la recherche

La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle et l’effet de positivité bénéficient d’un important soutien de la recherche. Par exemple, dans une étude qui a examiné les émotions d’adultes âgés de 18 à 94 ans pendant une semaine, Carstensen et ses collègues ont découvert que bien que l’âge ne soit pas lié à la fréquence des émotions positives, les émotions négatives diminuent tout au long de la vie adulte jusqu’à environ 60 ans. Ils ont également constaté que les adultes plus âgés étaient plus susceptibles d’apprécier les expériences émotionnelles positives et de laisser tomber les expériences émotionnelles négatives.

De même, les recherches menées par Charles, Mather et Carstensen ont montré que parmi les groupes de jeunes, d’adultes d’âge moyen et de personnes âgées auxquels on avait montré des images positives et négatives, les groupes plus âgés se rappelaient et se souvenaient de moins d’images négatives et de plus d’images positives ou neutres, le groupe le plus âgé se rappelant des images les moins négatives. Ces résultats ne prouvent pas seulement l’effet positif, ils confirment également l’idée que les personnes âgées utilisent leurs ressources cognitives pour réguler leur attention afin de pouvoir atteindre leurs objectifs émotionnels.

Il a même été démontré que la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle a un impact sur les préférences de divertissement des jeunes et des adultes plus âgés. Les recherches menées par Marie-Louis Mares et ses collègues ont montré que les adultes plus âgés gravitent vers des divertissements significatifs et positifs, tandis que les jeunes adultes préfèrent les divertissements qui leur permettent de ressentir des émotions négatives, de se débarrasser de l’ennui ou simplement de s’amuser. Dans une étude, par exemple, les adultes de 55 ans et plus préféraient regarder des émissions de télévision tristes et réconfortantes dont ils pensaient qu’elles auraient un sens, tandis que les adultes de 18 à 25 ans préféraient regarder des sitcoms et des émissions de télévision effrayantes. Des études ont montré que les adultes plus âgés sont généralement plus intéressés par les émissions de télévision et les films lorsqu’ils pensent que les histoires auront plus de sens.

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Si les changements d’objectifs définis par la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle peuvent aider les gens à s’adapter à mesure qu’ils vieillissent et à accroître leur bien-être, il existe néanmoins des inconvénients potentiels. Le désir des personnes âgées de maximiser leurs émotions positives et d’éviter les émotions négatives peut les conduire à éviter de chercher des informations sur d’éventuels problèmes de santé. En outre, la tendance à privilégier les informations positives par rapport aux informations négatives peut conduire à ne pas prêter attention aux soins de santé, à ne pas s’en souvenir et à ne pas prendre de décisions suffisamment éclairées à ce sujet.

Sources

  • Carstensen, Laura L., Monisha Pasupathi, Ulrich Mayr et John R. Nesselroade. « L’expérience émotionnelle au quotidien tout au long de la vie adulte ». Journal of Personality and Social Psychology, vol. 79, no. 4, 2000, pp. 644-655. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11045744
  • Charles, Susan Turk, Mara Mather et Laura L. Carstensen. « Vieillissement et mémoire émotionnelle : La nature oubliable des images négatives pour les personnes âgées ». Journal of Experimental Psychology, vol. 132, no. 2, 2003, pp. 310-324. https://doi.org/10.1037/0096-3445.132.2.310
  • King, Katherine. « La conscience de la fin aiguise l’attention à tout âge. » Psychology Today, 30 novembre 2018. https://www.psychologytoday.com/us/blog/lifespan-perspectives/201811/awareness-endings-sharpens-focus-any-age
  • Laboratoire de développement de la durée de vie. « Effet de positivité ». Université de Stanford. https://lifespan.stanford.edu/projects/positivity-effect
  • Laboratoire de développement de la durée de vie. « Socioemotional Selectivity Theory (SST) » Université de Stanford. https://lifespan.stanford.edu/projects/sample-research-project-three
  • Lockenhoff, Corinna E., et Laura L. Carstensen. « Théorie de la sélectivité socio-émotionnelle, vieillissement et santé : L’équilibre de plus en plus délicat entre la régulation des émotions et les choix difficiles ». Journal of Personality, vol. 72, no. 6, 2004, pp. 1395-1424. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15509287
  • Mares, Marie-Louise, Anne Bartsch et James Alex Bonus. « Quand le sens compte plus : Préférences médiatiques au cours de la vie adulte ». Psychologie et vieillissement, vol. 31, no. 5, 2016, pp. 513-531. http://dx.doi.org/10.1037/pag0000098
  • Reed, Andrew E., et Laura L. Carstensen. « La théorie derrière l’effet de positivité lié à l’âge ». Frontiers in Psychology, 2012. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2012.00339

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